Abstract

In his reporting on the Paris 1956 Conference of Negro-African Writers and Artists, James Baldwin referred to the importance of individuality, rather emphasizing the absence thereof, when considering the conundrum of “Black men” (sic) identity and culture. Most likely, the political, and leaning-communitarian, polarization of that time isolated Baldwin’s call to individuality as distant and lonely. Nevertheless, he initiated then this queer idea of the unavoidable journey through the Blacks’ selves for their collective quest of freedom to come to fruition. Published twenty four years later, Le corps noir (1980) by Jean-Claude Charles reads as a resurgence of the necessity of intimacy and individuality in this collective struggle. Albeit not necessarily foreseen as such by Charles, both the formal challenge he imposed on his essay, and the unexplored areas of Black [self]-identity issues he dared look into, invite an exploration through that lens. Furthermore, Le corps noir stages the revolt of an encaged inherited [Black] body and the solitary abyss of its rejection for the sake of the individual. In the intricate journey between both ends of this rope, Charles undertakes a semiological chronicle of black bodies’ occurrences and representation in the 70s French and American media. Indeed, Le corps noir offers a keen analytical and historical overview of the construction of what was set to become today’s Black body, while questioning how Blacks themselves willfully undergo the lethal appropriation and internalization of this constructed body as their essential self identity. As such, Le corps noir asks essential questions pertaining to any identity and reparation cause. My analysis situates Le corps noir in the mapping of a global racial rising cause- non exclusive of its obstructionist excesses. It initiates a dialogue that interpellates overtime and across continents Jean Price Mars, Roumain or Saint-Aude, as well as Soyinka, Adotevi, Sartre and Baldwin, to name a very few, of whom systems of thought, actions and stands — indigénism(e) and noirisme, negritude, anthropologism, africanism, renaissance, caribeanism or postcolonialism…– molded a uniformized anonymous Black following a colonial pattern and failed to address this critical aspect of its stolen humanity: the de-construction, and indispensable destruction, of the Black body as invented and interiorized for more than four centuries.

Résumé

Lire le corps noir sur une corde tendue entre le raidissement révolté d’un corps… noir encagé et l’abîme solitaire de la dénégation et du rejet de ce corps massifié au profit d’un individu absolument différencié. Dans le cheminement acrobatique entre ces deux pôles Jean-Claude Charles tient une chronique sémiologique de la déclinaison du corps noir dans les espaces médiatiques français et américains contemporains (nous sommes à la fin des années 70); entreprend une revue analytique implacable remontant à 1724 des procédés de création, de massification et d’indifférenciation de ce qui deviendra le corps noir; et parallèlement, avec une égale virulence, en dénonce la léthale et non moins active appropriation et l’internalisation par les entités minorisées “noires”, ce jusqu’à l’auto-détermination, d’une identité essentielle noire. Tout à la fois idéologique, historique et sociopolitique, une exploration inattendue, et surtout actuelle un demi-siècle plus tard, que propose Charles de la fabrication incessante et du renouvellement du corps noir. 

Cri révolté de poète préoccupé de sa précieuse liberté certes, et au-delà, dans la mesure où son exploration n’a décidément de cesse qu’il ne touche à ce qui constitue l’humanité originelle de l’être. Jean-Claude Charles pose les questions essentielles à toute cause réparatrice et identitaire. Ma traversée de Le corps noir situe le projet de Charles dans une cartographie des luttes minoritaires et de relèvement racial, comme de leurs débordements et excès obstructionnistes, dans un dialogue à travers le temps et les continents qui interpelle, et convoque, de Jean Price-Mars à Wole Soyinka en passant par James Baldwin, Sartre, Saint-Aude et Adotevi (pour n’en citer que quelques-uns), à travers l’indigénisme et le noirisme, le cannibalisme, la négritude, l’anthropologisme, l’africanisme, le Harlem renaissance, le caribéanisme et le postcolonialisme. Elle restitue à Charles sa juste place, plus que jamais actuelle dans la seule voie durable à la réparation de la violence de l’exploitation des Noirs: celle de la restitution de leur humanité volée à partir de la dé-construction, de la destruction indispensable du corps noir tel qu’inventé puis intériorisé depuis plus de quatre siècles.